#4 - Un est le nombre le plus solitaire

Il pleuvait. Un de ces matins où personne ne croise le regard. Tout le monde veut juste se sécher, trouver une place et passer à autre chose.

Heure de pointe. Tramways bondés. J'ai trouvé un siège libre devant. Une victoire. À l'arrêt suivant, un homme d'un certain âge est monté. Bien habillé, cheveux gris, d'un pas assuré.

Je lui ai proposé ma place. Il a gentiment décliné. Je lui ai dit que je descendais bientôt. Ce n'était pas le cas, mais il a accepté et s'est assis. Nous avons roulé en silence. Pourtant, parfois, on sent que quelqu'un a envie de dire quelque chose avant même de le faire.

« Alors, une autre semaine pluvieuse », ai-je commencé. Il a esquissé un sourire, et cela lui a suffi.

Quinze minutes de conversations creuses, mais qui, d'une certaine manière, avaient un sens. À son arrêt, il s'est levé et a demandé : « Je pensais que vous alliez bientôt descendre. » Il connaissait déjà la réponse. Il a souri et a dit : « Merci. » Ce sourire ? Il m'est resté en mémoire longtemps après la fin du trajet.

Certains silences durent plus longtemps qu'avant. Pas ceux qui apaisent, mais ceux qui résonnent bruyamment dans votre tête.

On le remarque d'abord chez les autres, puis, un jour, chez soi.

Vous allez vous promener, vous vous videz la tête si vous le pouvez, vous voyez si quelque chose change.

La solitude n'a pas besoin de raison. Elle s'installe. Inaperçue. Pas quand on est entouré, mais quand on commence à se sentir invisible.

Même les hommes qui paraissent posés, en rentrant chez eux, assis à table, se regardant dans le miroir, laissent parfois passer le silence. Même ceux qui savent garder le silence. C'est parfois là que ça fuit.

Nous sommes humains, après tout. Créés pour communiquer. Quand le contact se raréfie, quelque chose en nous marque cette absence.

Cette douleur ? Elle vous dit quelque chose d'important. Et quand le signal persiste, il s'immisce dans votre pensée, puis persiste plus longtemps que prévu.

Cela peut commencer par une chaise laissée vide pendant un repas, ou par un silence gênant qui s'étire, ou par une question restée sans réponse.

La solitude ne crie pas. Mais nous entendons souvent son écho dans nos têtes.

Ce n'est pas un conseil. Juste un homme qui dit ce qui passe souvent inaperçu. En espérant que vous le garderez en mémoire, de la bonne manière.

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Si cela vous rappelle quelque chose, vous n'êtes pas seul. En Australie, vous pouvez joindre Lifeline 24h/24 et 7j/7 au 13 11 14.